Économie et développement - Régime français - Capsule 2 - L’économie des fourrures




Capsule 2 : L’économie des fourrures

On en a déjà parlé souvent, mais le commerce des fourrures demeure pendant tout le régime français une activité économique importante.    On n’a pas choisi le castor pour rien sur les pièces de cinq cent!  Si Pierre de Chauvin a fondé Tadoussac en 1600, c’était pour commercer avec les Montagnais qui vivaient à proximité.  On peut dire la même chose de l’Acadie de Pierre du Gua de Mons, du Québec de Champlain, de Trois-Rivières de Laviolette et même Montréal, fondé à l’origine pour des raisons religieuses, mais  deviendra rapidement une plaque tournante du commerce des fourrures.  Être proche des Grands lacs a son utilité!  Pour illustrer l’importance du commerce des fourrures, disons qu’on a exporté vers la France - pour la seule année 1699 - près de 300 000 peaux de castor!   Ça fait des pelleteries le principal produit d’exportation de toute l’histoire de la Nouvelle-France.

Pour mener à bien le commerce des fourrures, les Français devront tisser des alliances avec différents groupes autochtones,  comme les Montagnais, les Algonquins et les Hurons.  C’est d’autant plus nécessaire que le gros de l’ouvrage est fait par les Amérindiens!  En fait, ce sont eux qui vont à la chasse et qui préparent les peaux.  Certains Amérindiens vont même porter les fourrures pendant quelque temps pour leur donner plus de valeur.  Puisqu’on fabriquait des chapeaux avec les peaux, la sueur engendrée par le port des fourrures donnait un feutre de meilleure qualité et les Amérindiens pouvaient espérer obtenir un meilleur prix. 

Un autre personnage important dans le commerce des fourrures est le coureur des bois.  Il sert d’intermédiaire entre les compagnies et les autochtones.  Peu appréciés des autorités, surtout les autorités qui les trouvent trop indépendants, ils sont comme des travailleurs autonomes qui travaillent pour leur propre gain.  Pour ce faire, ils parcourent de longues distances pour s’approvisionner en fourrures en apportant avec des produits de comme des outils en métal, des couvertures en laine, des armes à feu ou de l’eau de vie pour les échanger contre des peaux aux Amérindiens.  Quand des mesures en vue de peupler la colonie seront mises en place par les autorités dans la deuxième moitié du 17e siècle, il faudra même obtenir un permis spécial pour faire la traite des fourrures.  On parlera à partir de ce moment-là de « voyageurs » pour les désigner, ce qui les distinguent des coureurs des bois qui eux, n’ont pas de permis. 

Les distances, quant à elles, deviendront de plus en plus grandes puisqu’il faudra toujours aller plus loin satisfaire l’appétit des marchands impliqués dans le commerce des fourrures.  Si la Nouvelle-France de 1645 se résume grosso modo à Québec, Montréal et Trois Rivières, elle représentera siècle plus tard un immense territoire qui s’étend du Labrador à la Louisiane, en passant par la vallée du St-Laurent, l’Acadie, le Mississipi et les Pays d’en Haut.  Le territoire sera composé en majeure partie de forts et postes de traite, une occupation qui est reliée directement au commerce des fourrures.  On dira cependant que la Nouvelle-France est un géant au pied d’argile ; son peuplement très faible ne dépassera jamais 70 000 habitants, essentiellement vivant dans la vallée du St-Laurent.  Les premières compagnies, qui étaient responsables du peuplement de la colonie, ne réussiront  jamais à remplir leurs promesses quant au peuplement ; un retard que la Nouvelle-France ne rattrapera jamais.

Une telle occupation du territoire attise les convoitises ; déjà, au début du régime français, Anglais, Français et Hollandais se sont disputés le contrôle du commerce des fourrures avec les Iroquois dans ce qui est aujourd’hui l’État de New York. Plus tard, en 1670, les britanniques fondent la Hudson Bay Company et revendiquent le territoire du même nom pour concurrencer la Nouvelle-France et ses fourrures.  De plus, les colonies anglaises voient leur population dépasser rapidement le million et se sentent de plus en plus coincées et voudraient bien prendre de l’expansion plus à l’ouest, dans la vallée de l’Ohio – et en même temps prendre le contrôle du commerce des fourrures. 
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